C’est par ces mots que la France a posé, il y a 120 ans, l’un des fondements les plus précieux de notre République : la laïcité. La loi de 1905 protège la liberté de chacun : celle de croire, de ne pas croire, et de pratiquer sa religion sans pression ni privilège. En instaurant la séparation de l’Eglise et de l’Etat, elle affirme cet autre principe essentiel : l’État reste neutre. L’Etat ne finance aucune religion, et ne place aucune conviction au-dessus d’une autre. C’est cette neutralité qui permet à tous de vivre ensemble dans un espace commun, partagé et égalitaire.

Aujourd’hui, ce principe est doublement menacé. D’un côté, des acteurs religieux extrémistes cherchent à imposer leurs normes dans l’espace public, notamment à lécole républicaine, remettant en cause la neutralité de l’État et attaquant ses agents. De l’autre, l’extrême droite et une droite identitaire instrumentalisent la laïcité pour diviser et stigmatiser, plutôt que pour rassembler. Elles en font un slogan de combat identitaire, trahissant son essence : protéger les libertés de tous, croyants comme non-croyants, sans discrimination.

La laïcité n’est pas un adversaire des religions, ni un simple mot : c’est le lien qui nous rassemble. La laïcité se vit et se défend partout : à l’école républicaine, dans les services publics et dans la vie citoyenne. Elle est au cœur de notre idéal républicain.

C’est dans cet esprit que nous proposons, avec Emmanuel Grégoire, de renommer la place du Panthéon en « Place de la Laïcité ». 

Parce que le Panthéon, église devenue temple de la République, procède du même mouvement que la loi de 1905. La laïcité n’efface pas les identités ni l’histoire, elle les transcende. 

Parce que le Panthéon, en abritant les femmes et les hommes qui ont marqué l’histoire de la nation et de la République, s’ancre, comme la laïcité, au cœur de notre mémoire et vie républicaine. 

Parce que le Panthéon et sa place, du haut de la Montagne-Sainte-Geneviève, concentrent les lieux de savoir, d’intelligence où la raison et l’idée de progrès ont fortifié la puissance de la laïcité : les universités, leurs bibliothèques, la présence de la mairie de cet arrondissement. Et à quelques pas de cette place, le square Samuel Paty, qui nous rappelle la nécessaire transmission de nos valeurs républicaines. 

Sur cette place, au cœur du Quartier Latin, des millions d’étudiants, chercheurs et enseignants venus de tous horizons, de toutes cultures et de toutes confessions se sont croisés et continueront de se croiser. Une place où la diversité se côtoie au quotidien, et où la laïcité est plus que jamais ce qui nous permet de faire société. Elle est la fraternité. 

C’est aussi un arrondissement où les trois monothéismes sont représentés depuis longtemps et où la statue d’Étienne Dolet – aujourd’hui disparue, mais dont nous souhaitons le retour – humaniste et imprimeur du XVIᵉ siècle, rappelle le prix de la liberté de pensée et de diffusion du savoir. Tout comme Dolet a défendu la circulation des idées, la laïcité protège aujourd’hui la liberté de conscience et l’égalité entre tous.

Donner à la laïcité une place centrale à Paris, au cœur du 5ᵉ arrondissement, n’est pas qu’un geste symbolique mais un acte concret pour rappeler à chacun que la liberté de conscience, le respect des différences et la neutralité de l’État sont des piliers inébranlables de notre République. Une « Place de la Laïcité » sera ce point de repère pour les citoyens, un lieu de mémoire et de pédagogie pour les jeunes générations, un symbole visible de ce qui nous rassemble malgré nos différences, à l’instar de celle qui existe déjà dans le 15e arrondissement. 

120 ans après, faisons vivre l’esprit de 1905.

Laïcité, Panthéon, Capitale, Paris, Paris 5
SOCIAL
ECOLOGIE
democratie